L’économie sociale a la capacité de pallier à l’économie de marché pour combler les vides de développement, ainsi que de remédier aux difficultés de l’État providence pour lutter contre les effets d’exclusion et de pauvreté. [...] Au confluent de la dynamique sociale et de la dynamique économique, l’économie sociale interpelle les institutions, incluant la dimension institutionnelle des organisations puisque celles-ci font la promotion de valeurs issues de la communauté (Selznick, 1957). [...] Une concurrence s’exerce sur la spécificité de l’économie sociale par les pratiques de bilan ou d’audit social, et par les démarches de certification sociale des entreprises capitalistes (Bouchard et Rondeau, 2003), entraînant un risque de banalisation de l’économie sociale au profit du discours et des pratiques de responsabilité sociale. [...] L’évaluation peut servir d’instrument de contrôle et de rationalisation, ce qui soulève les questions du monitorage et de l’information concernant le citoyen, et de la normalisation de l’activité des organisations. [...] Les enjeux en sont la capacité de l’économie sociale à conserver une autonomie relative des pouvoirs publics, de même que d’entretenir des mécanismes démocratiques qui soient garants du contrôle des usagers sur la qualité, sur le maintien de l’usage collectif des fonds publics, ainsi que de la correspondance de l’offre (en termes de quantité et de qualité) à la demande (Enjolras, 2002).